lundi 20 juillet 2009

Trois questions à ...


Malika Gauthié est conseillère municipale d’opposition à Dijon, sous l’étiquette La Gauche Moderne. Elle est par ailleurs Adjointe de Direction dans un établissement d’insertion professionnelle.

Lors de votre intervention remarquée aux Rencontres Nationales de Mulhouse, vous avez conclu votre propos en préférant au concept traditionnel d’ascenseur social celui plus dynamique et responsabilisant d’escalier social. Pourriez-vous expliciter votre vision ?

Malika Gauthié : Mon parcours personnel (j’ai grandi dans une cité d’urgence, ce qui m’a très tôt confrontée à la réalité sociale des travailleurs immigrés et des plus défavorisés) comme mon parcours professionnel (je travaille dans le secteur social et pour l’intégration depuis près de 20 ans) m’ont amenée à comprendre que la réussite ne vient jamais de l’assistanat. Chacun doit mériter, par son travail et ses efforts, son ascension sociale. Il ne faut pas croire que cela puisse tomber tout cuit dans l’assiette. L’assistance peut être un accélérateur, mais ne peut pas remplacer le moteur. C’est pour cela qu’il est vain d’attendre l’ascenseur social ; il faut au contraire enseigner et promouvoir l’idée que la réussite passe par l’escalier, c’est-à-dire exige une démarche volontaire, un effort.

Comment décliner ce principe sur le terrain ?


M. G
.
: Il faut sans doute réorganiser et simplifier toutes les structures d’intervention. Aujourd’hui, il y a un empilement de structures (commune, département, région, etc.) qui se concurrencent, qui rendent des services similaires à certaines catégories de personnes quand d’autres catégories ne reçoivent rien ou sont mal accompagnées. Cette redondance induit un saupoudrage des moyens financiers mais aussi présente à chaque personne plusieurs intervenants sociaux. Finalement, il faudrait presque découpler les structures qui fournissent les aides des sources de financement. Par ailleurs, la formation des éducateurs sociaux est un enjeu majeur. Pour réussir en tant qu’éducateur social, il faut à la fois bien comprendre les cultures auxquelles on est confronté, et promouvoir les réussites, encourager les initiatives, faciliter et accompagner l’insertion dans la société. La valorisation des réussites permet de rendre de la fierté et de l’espoir aux gens. Dans cette perspective, je salue la démarche de Nicolas Sarkozy qui a nommé Rachida Dati au Ministère de la Justice. Elle n’est pas là pour du faux, pour faire ‘diversité’. Elle est à la tête de l’un des plus gros ministères grâce à sa compétence, à son envie de réussir. Elle est un exemple, elle ne doit pas rester le seul exemple.


L’intégration des populations immigrées est l’une de vos compétences clés ; pouvez éclairer cette question ?


M. G.
: D’abord, il faut bien comprendre que la population immigrée n’est pas un tout homogène. Prenons le cas des femmes : les nouvelles arrivantes, souvent issues du regroupement familial, souhaitent travailler quand leurs devancières restaient plus fréquemment à la maison. Souvent, elles n’ont jamais connu le marché du travail avant d’arriver chez nous. Il faut donc les aider à trouver un emploi, et continuer à les accompagner ensuite le temps qu’elles s’approprient ce nouvel environnement. Il en va de même pour l’école : les immigrés veulent que leurs enfants aillent à l’école, mais ils n’en connaissent pas vraiment le fonctionnement. C’est d’ailleurs un constat qui peut être élargi. Les nouveaux arrivants ne connaissent pas le fonctionnement de la société française, et il faudrait les former à leur arrivée pour qu’ils aient les repères et réflexes nécessaires à une bonne intégration. L’intégration réussit d’autant mieux que le pays d’accueil sait susciter une fierté d’appartenir à ce nouveau pays. C’est un point sur lequel la France a vraiment du travail !


Interview parue dans la Newsletter n°9 de La Gauche Moderne (octobre 2008)

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