jeudi 20 août 2009

Jean-Marie Bockel : « Ca risque de tanguer au sein de la majorité ! »

En exclusivité pour La-Croix.com, Jean-Marie Bockel, secrétaire d'Etat auprès de la ministre de la justice et président de Gauche moderne donne son point de vue sur le rapprochement de L'UMP avec les présidents du Mouvement pour la France et de Chasse, Pêche, nature et Traditions.


Jean-Marie Bockel, secrétaire d’État auprès de la ministre de la justice, et président de Gauche Moderne

La Croix : Comment réagissez-vous au rapprochement entre l’UMP d’un côté et les présidents du Mouvement pour la France, Philippe de Villiers, et de Chasse, Pêche, nature et Traditions (CPNT), Frédéric Nihous, de l’autre ?

Jean-Marie Bockel : On ne peut pas dire que cela est anodin, ni facile pour moi. Ce sont quand même des personnes qui ont défendu des positions, je pense surtout à Philippe de Villiers, très éloignées de celles que j’ai moi-même prônées ou défendues.

Pour autant, je n’ai jamais assimilé Philippe de Villiers au Front National, ni diabolisé sa personne. Mais sur les questions de société, ou les questions européennes, il a défendu des positions très éloignées des miennes. Une autre chose me gêne : Philippe de Villiers s’est récemment exprimé pour dire qu’il souhaitait rejoindre la majorité, pour être plus fort contre la gauche. Il me semble que c’est une démarche négative ; il a comme point de départ le rejet de la gauche.

De mon côté, c’est l’inverse, je ne me positionne pas contre mes anciens amis socialistes mais pour un projet porté par Nicolas Sarkozy. Il s’agit d’une démarche positive. Une fois qu’on a dit ça, il ne faut pas tomber d’emblée dans le sectarisme qui caractérise les socialistes, dont je me suis éloigné. Je considère qu’il faudra juger sur pièce.

Le MPF de Philippe de Villiers, et le CPNT de Frédéric Nihous, situés à la droite de la droite, sur l’échiquier politique, vont cohabiter au sein de la majorité avec deux mouvements de gauche, le vôtre, Gauche moderne, et celui d’Éric Besson, les Progressistes : quelle peut être la cohérence de la majorité présidentielle ? Et comment allez-vous cohabiter en son sein ?

Ca risque d’être viril, de tanguer ! Nous aurons forcément de franches discussions. Il faudra voir les points de convergence qui se dessinent autour du projet, notamment en vue des prochaines élections régionales. Je ne peux pas imaginer que Philippe de Villiers rejoigne la majorité sur la base de ses anciennes positions.

Cela dit, il ne faut pas rejeter l’autre d’emblée. À tout pécheur, Miséricorde ! Tout le monde peut évoluer, sans forcément se renier. Mais il est vrai qu’on ne peut pas considérer que les uns doivent évoluer, et les autres, pas. À lui d’apporter la démonstration qu’il est capable de changer. Il ne doit pas se cantonner à un rejet de la gauche mais adhérer à un projet. C’est la même chose pour Frédéric Nihous.

Est-ce une bonne stratégie pour l’UMP de ratisser aussi large sur l’échiquier politique ?

C’est le choix du président de la République : rassembler le plus largement possible. Une telle stratégie peut être intéressante pour le premier tour d’une élection à deux tours. Aux Européennes, elle s’est avérée payante. Mais une telle stratégie n’a de sens que si nous parvenons à nous retrouver tous autour d’un même projet. La réussite de l’alchimie est à ce prix. Si ce rassemblement ne vise qu’à s’opposer à la gauche, il n’aura pas la même efficacité.

Avez-vous été informé du rapprochement de l’UMP opéré par Villiers et Nihous ?

Nicolas Sarkozy a évoqué cette perspective après les élections européennes. Et Xavier Bertrand nous en a touché un mot fin juillet. Il nous avait dit, à Éric Besson et à moi, que Philippe de Villiers nous contacterait pour nous rencontrer, et discuter. Mais il ne l’a pas fait. Il n’a pas cherché à me voir. Je ne l’ai donc pas vu, nous n’avons pas pu en discuter.

Publié sur le site internet du journal La Croix le 13 août 2009
Propos recueillis par Solenn DE ROYER

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